Dettes africaines : Angola, Côte d’Ivoire, Sénégal… Les États où la dette a explosé
« L’Afrique est-elle vraiment malade de sa dette ? » (3/4). Si le
niveau d’endettement extérieur des pays a connu une très nette hausse
depuis 2015, tous ne sont pas logés à la même enseigne. Leurs capacités à
y faire face diffèrent grandement. Analyse.
Si la résurgence d’une crise financière en
Afrique subsaharienne similaire à celles des années 1990 et 2000 paraît
peu probable – tout en n’étant pas exclue –, il ne fait aucun doute que
le niveau des créances des pays de la zone a connu une formidable
progression depuis une demi-douzaine d’années. Entre 2015 et 2020, le
stock de dette extérieure publique des pays subsahariens a augmenté de
67,5 % à 454 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.
Cette évolution n’avait d’ailleurs pas manqué d’alerter les
spécialistes de l’économie du développement, parmi lesquels l’économiste
Brahima Sangafowa Coulibaly, responsable de l’Africa Growth Initiative
au Brookings Institut (think-tank américain). « En raison de
l’augmentation rapide de la charge de la dette au cours des dernières
années, un tiers des pays d’Afrique subsaharienne sont soit en situation
de surendettement, soit exposés à un
Le renouvellement du mandat de la force internationale déployée
depuis 2013 pour protéger les populations civiles des violences commises
par les groupes armés doit être discuté fin juin à l’ONU.
Contrairement aux
autres démocraties occidentales, les Etats-Unis n’ont jamais vu
disparaître l’opposition à l’avortement après sa légalisation. Le sujet
est devenu un « marqueur politique structurant » dans le pays, explique
l’historien Simon Grivet.
Aux
Etats-Unis, les regards sont tournés vers la Cour suprême.
L’institution est au cœur d’un virulent débat politique, juridique et
social depuis la publication, lundi 2 mai par le site Politico, d’un projet d’arrêt
de la plus haute institution judiciaire américaine qui pourrait
renverser la célèbre jurisprudence Roe v. Wade de 1973, qui protège le
droit des Américaines à interrompre leur grossesse. S’il est adopté tel
quel, cet arrêt renverra les Etats-Unis cinquante ans en arrière, à une
époque où chaque Etat était libre d’autoriser l’interruption volontaire
de grossesse (IVG), ou de l’interdire.
Ce
document, rédigé en février et qui peut faire l’objet de négociations
jusqu’au 30 juin, estime que la décision historique Roe v. Wade, était « infondée depuis le début » et que rien dans la Constitution ne protège le droit à l’avortement.
Comme le rappelle Simon Grivet, maître
de conférences à l’université de Lille et historien spécialiste de
l’histoire du droit et de la justice aux Etats-Unis, il s’agirait alors
de l’aboutissement d’un combat de la droite religieuse états-unienne qui
n’a jamais faibli en cinquante ans dans un pays où « l’avortement est un marqueur politique structurant ».
Le
débat sur l’avortement n’a jamais cessé de diviser les Etats-Unis en
dépit de la décision de la Cour suprême de 1973, qui a légalisé l’IVG.
Comment l’expliquer ?
Il
faut bien avoir en tête que les Etats-Unis se distinguent très nettement
des autres démocraties occidentales sur le sujet de l’avortement. Dans
la plupart des pays, comme en France, l’opposition à l’IVG existe certes
toujours, mais elle est devenue marginale après la légalisation. Aux
Etats-Unis, ça n’a jamais été le cas. Au contraire, après l’instauration
de ce droit, l’avortement est devenu un marqueur politique structurant
dans le pays. La décision que s’apprêterait à rendre la Cour suprême est
l’aboutissement d’un combat de la droite religieuse contre l’avortement
qui n’a pas faibli en cinquante ans.
Rappelons
que le droit à l’avortement aux Etats-Unis a été obtenu par une
décision de la Cour suprême et pas par un processus politique et
démocratique classique. Même si elle a été rendue à une large majorité
de sept voix contre deux, elle n’a jamais fait consensus et a
interrompu, à l’époque, un processus politique qui était en cours.
L’Etat de New York avait rendu l’avortement légal en 1970 avec le
soutien des républicains. L’Oregon, par la voie d’un référendum, en
avait fait de même. La décision de la Cour en 1973, qui a interdit aux
Etats d’interdire l’avortement avant la fin du premier trimestre de
grossesse, a ainsi stoppé cette dynamique politique. Un puissant
mouvement « pro-life » [« pro-vie », anti-IVG] est né
en réaction avec l’objectif, in fine, de renverser cette jurisprudence.
Cette question a été l’élément déterminant de la politisation de toute
une frange religieuse de la société.
Les
responsables politiques républicains ont vite compris la force de cet
argument anti-avortement pour gagner des voix, ce qui a fait du sujet un
véritable enjeu politique. La droite évangélique représente aujourd’hui
un quart des électeurs et est majoritaire dans certaines régions du Sud
et du Midwest, comme dans l’Indiana. Il s’agit surtout de chrétiens
blancs mais elle a aussi des relais dans certaines églises
africaines-américaines et, de plus en plus, dans l’Eglise catholique,
qui est très influente chez les hispaniques. Se positionner contre
l’avortement permet de gagner énormément d’électeurs mais aussi des voix
déterminantes parmi les minorités.
C’est
ainsi que les républicains ont renforcé leur assise dans les Etats du
sud du pays, qui étaient des bastions démocrates jusque dans les années
1960. Pour sa campagne de 1980, Ronald Reagan s’est beaucoup rendu dans
ces Etats du Sud où il a affiché sa foi et son opposition à l’IVG. Ce
droit ne pouvant être supprimé que par une décision de la Cour suprême, à
partir de l’élection de Reagan, l’opposition à l’avortement devient
ainsi le critère déterminant des républicains quand il s’agit de choisir
un magistrat fédéral.
Quel rôle a joué Donald Trump dans ce qui pourrait être l’aboutissement des revendications du mouvement « pro-life » ?
Donald
Trump a été l’instrument de cette stratégie au long cours de la droite
religieuse. A l’été 2015, lorsqu’il a lancé sa campagne, il était très
marginal au sein du Parti républicain et il avait besoin du soutien de
la droite évangéliste. Cette dernière le regarde de loin, lui qui est un
homme de la télévision, ancien propriétaire de casino, divorcé deux
fois, de surcroît.
Il
s’est assuré de leur soutien en axant son discours sur la loi et
l’ordre, en affichant son islamophobie décomplexée et, surtout, en
jouant la carte de l’anti-avortement en promettant de nommer à la Cour
suprême des juges opposés à Roe v. Wade. Il a accepté de suivre les
recommandations de la Federalist Society, un lobby très conservateur qui
dresse des listes de magistrats acquis à une idéologie juridique selon
laquelle l’arrêt de 1973 est une interprétation de la Constitution qui
n’a pas lieu d’être.
Les
trois magistrats que Donald Trump a eu à nommer durant son mandat
s’inscrivent dans cette ligne. En parallèle, on constate que les
démocrates ont peu investi cette stratégie de nominations au sein de la
plus haute juridiction du pays. Nous prenons aujourd’hui toute la mesure
de cet héritage : la Cour suprême est majoritairement acquise à la
droite conservatrice et elle le sera pour de nombreuses années.
Quelle
est l’ « idéologie juridique » qui caractérise la majorité de ces
magistrats de la Cour suprême et implique-t-elle d’autres revirements de
jurisprudence ?
Un débat
fondamental structure la démocratie américaine depuis au moins un
siècle : comment doit-on obtenir de nouveaux droits ? Grâce à la Cour
suprême ou grâce à l’action politique ? Cette question renferme celle du
rôle que doit jouer la Cour suprême et, à ce sujet, deux visions
s’affrontent aux Etats-Unis. Il y a ce qu’on appelle « l’activisme
judiciaire », qui évoque surtout l’époque où la Cour était dirigée par
Earl Warren, entre 1953 et 1969. Cette « Cour Warren », qui a notamment
aboli la ségrégation raciale, a utilisé plusieurs grandes affaires des
années 1950-1960 pour concrétiser, grâce à ses décisions, des avancées
progressistes à une époque où de nombreuses réformes étaient bloquées au
niveau du Congrès des Etats-Unis.
Une
idéologie judiciaire opposée est née dans les années 1970 : celle de la
« modestie judiciaire », qui s’incarne notamment dans un courant dit
« originaliste » ou « textualiste ». Les magistrats de ce courant – dont
plusieurs siègent désormais à la Cour suprême – défendent une
interprétation très littérale de la Constitution. Pour eux, tout ce qui
n’est pas écrit dans le texte n’existe pas.
Or,
plusieurs droits accordés au cours des soixante dernières années,
notamment par la « Cour Warren », reposent sur des interprétations
parfois fragiles de la Constitution et pourraient donc être remis en
question par des juges qui en défendent une lecture littérale. C’est le
cas du « droit à la vie privée », instauré par la Cour suprême en 1965
dans sa décision sur le droit à la contraception. C’est l’existence de
ce droit qui fonde aussi la décision sur l’avortement de 1973, ou encore
des droits accordés aux personnes LGBT, comme le droit au mariage pour
tous. Ce droit à la vie privée, devenu déterminant, n’est pas inscrit
tel quel dans la Constitution, il découle de l’interprétation du texte
fondamental qu’a faite un des juges de l’époque.
Le danger n’est cependant pas certain : la Cour suprême n’a pas rendu sa décision concernant Roe v. Wade, et le juge Alito [l’auteur du texte qui a fuité dans la presse]
a insisté sur le caractère particulier de la question de l’IVG,
suggérant qu’un tel renversement de jurisprudence ne serait pas envisagé
pour d’autres droits.
Si
la Cour entérinait cette décision et annulait Roe v. Wade, seule une loi
fédérale sur l’avortement pourrait le garantir à toutes les femmes du
pays. Est-ce envisageable ?
Non.
Les Démocrates n’ont pas la majorité au Sénat et ne pourront donc pas
faire passer une loi sur l’avortement. Ils vont néanmoins déposer un
texte, essentiellement pour mobiliser leur base à six mois des élections
de mi-mandat. Gageons que l’avortement sera un sujet central du scrutin
de novembre.
La Corée du Nord a tiré un missile mer-sol balistique
Le missile a été tiré, samedi, quelques heures après la mise en
garde des Etats-Unis sur la possibilité d’une reprise des essais
nucléaires par Pyongyang.
Le Monde avec AFP
Publié aujourd’hui à 09h15, mis à jour à 12h00
Temps de Lecture 3 min.
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La
Corée du Nord a tiré, samedi 7 mai, un missile mer-sol balistique
stratégique (MSBS), a annoncé l’état-major de l’armée sud-coréenne,
quelques heures après la mise en garde des Etats-Unis sur la possibilité
d’une reprise des essais nucléaires par Pyongyang.
« Nos militaires ont détecté vers 14 h 07 [7 h 07, heure de Paris] qu’un missile balistique de courte portée présumé être un MSBS a été tiré au large de [la ville portuaire de] Sinpo », à l’est de la Corée du Nord, a déclaré l’état-major de l’armée sud-coréenne dans un communiqué.
Le
missile a parcouru une distance de 600 kilomètres à une altitude de
60 kilomètres, selon la même source, ce qui laisse à penser qu’il
s’agissait d’un missile balistique à courte portée. Il a fini sa course
en dehors de la zone économique exclusive du Japon, a annoncé le
ministre de la défense japonais, Nobuo Kishi. Ce dernier a affirmé que
la « fréquence extrêmement élevée » des tests cette année était « absolument inacceptable ».
Ce
tir est la quinzième démonstration de force de Pyongyang depuis le
début de l’année. Malgré les sévères sanctions internationales ayant
trait à son programme d’armement, la Corée du Nord a fortement
intensifié ses essais et a rejeté tout appel au dialogue des Etats-Unis.
Il a notamment tiré, à la fin de mars, un missile intercontinental.
Autant de « provocations » dénoncées par Washington. Depuis
2017, le régime de Kim Jong-un avait cessé les tirs de missiles
balistiques intercontinentaux et les essais nucléaires.
Le « développement remarquable de la technologie nucléaire et de la technologie liée aux missiles »
par Pyongyang constitue un risque pour la sécurité régionale et
mondiale, a encore déclaré M. Kishi, ajoutant que son pays pense
également que « la Corée du Nord sera prête à effectuer un essai nucléaire dès ce mois-ci ».La semaine dernière, à l’occasion d’un grand défilé militaire, le dirigeant nord-coréen s’est engagé à développer ses forces nucléaires « le plus rapidement possible » et a mis en garde contre d’éventuelles frappes « préventives », évoquées par le futur président sud-coréen, le conservateur Yoon Suk-yeol.
Les Etats-Unis estiment ainsi que la Corée du Nord pourrait mener « ce mois-ci » son premier essai nucléaire depuis 2017 (son septième au total), a déclaré le département d’Etat américain, vendredi. « Cette analyse est cohérente avec les déclarations publiques récentes faites par la Corée du Nord elle-même »,
a dit une porte-parole de la diplomatie américaine, Jalina Porter,
assurant que le gouvernement américain l’avait partagée avec ses alliés
et allait « poursuivre une étroite coordination avec eux ».
L’imagerie
satellite a montré récemment des signes d’une nouvelle activité
nucléaire dans un tunnel du site de Punggye-ri. Selon la Corée du Nord,
ce site a été démoli en 2018
avant un sommet historique entre Kim Jong-un et le président américain
de l’époque, Donald Trump, qui avait marqué le début d’une phase de
dialogue qui, depuis, a fait long feu.
L’actuel
président des Etats-Unis, Joe Biden, s’est dit prêt à renouer le
dialogue pour discuter d’une dénucléarisation du pays reclus, mais cette
initiative est restée lettre morte depuis son arrivée à la Maison
Blanche, au début de 2021. Le président américain doit se rendre dans le
courant du mois au Japon et en Corée du Sud, où les inquiétudes à
propos de Pyongyang seront au menu des discussions.
Ce nouveau tir intervient avant l’entrée en fonctions, mardi, du nouveau président sud-coréen, favorable au rapport de force avec le Nord. « Au lieu d’accepter les invitations au dialogue, le régime de Kim semble préparer l’essai d’une ogive nucléaire tactique », avance Leif-Eric Easley, professeur à l’université Ewha de Séoul.
Deuxième lancement en une semaine, selon Séoul
« Un
septième essai nucléaire serait le premier depuis septembre 2017 et
alimenterait les tensions dans la péninsule coréenne, ce qui accroîtrait
les dangers d’erreur de calcul et de mauvaise communication entre le
régime de Kim et la future administration Yoon », a ajouté M.
Easley. La Corée du Sud possède une capacité d’armements conventionnels
supérieure à celle de son voisin du Nord et M. Yoon a demandé le
déploiement d’un plus grand nombre de moyens militaires américains.
En 2021,
la Corée du Sud a testé son propre missile mer-sol balistique, devenant
l’un des rares pays à maîtriser cette technologie. Elle a aussi dévoilé
un missile de croisière supersonique, signe d’une course à l’armement
dans la péninsule. Mercredi, Pyongyang a lancé ce que Séoul et Tokyo ont
décrit comme un missile balistique, mais les médias d’Etat
nord-coréens, qui rapportent d’ordinaire les essais d’armement, n’en ont
pas parlé.
« Le lancement d’aujourd’hui [samedi] est similaire à celui du missile balistique de mercredi, a déclaré Hong Min, chercheur à l’Institut coréen pour l’unification nationale. Il semble que le Nord mène une série de tests pour atteindre ses objectifs stratégiques. »
Les
négociations visant à convaincre Kim Jong-un d’abandonner les armes
nucléaires n’ont rien donné. Pendant cinq ans, le président sud-coréen
Moon Jae-in a mené une politique de dialogue avec Pyongyang, mais, selon
son successeur, cette approche « servile » a été un échec
patent. Selon les analystes, le dirigeant nord-coréen pourrait vouloir
montrer, par cette série de tests, qu’il n’est pas ouvert à un dialogue
avec le nouveau gouvernement.
Célèbre pour ses églises taillées dans le roc, la ville sainte a
doublement souffert de la pandémie de Covid-19 et de l’occupation des
rebelles tigréens.
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Les
chambres du Panoramic Hotel restent désespérément vides. A la
réception, la dizaine d’employés joue aux cartes, plongés dans
l’obscurité à cause d’une panne d’électricité qui s’éternise. « En quatre mois, un peu moins d’une cinquantaine de personnes ont séjourné chez moi, et encore, je fais partie des chanceux », indique Tesfaye Getinet, le gérant de cet établissement de Lalibela, petite ville d’Ethiopie célèbre pour ses églises taillées dans le roc au XIIIe siècle. Autrefois, son hôtel accueillait presque vingt clients par jour.
Autrefois, c’est-à-dire avant la pandémie
de Covid-19 et l’éclatement de la guerre civile qui, ensemble, ont mis
un brusque coup d’arrêt au tourisme dans cette bourgade de la région
Amhara, dans le nord du pays. En conflit avec le gouvernement d’Abiy
Ahmed, les rebelles tigréens du Front de libération du peuple du Tigré
(TPLF) ont contrôlé la zone d’août à décembre 2021.
Une occupation qui a ruiné les espoirs de reprise de cette ville surnommée la « Jérusalem de l’Afrique » ou encore la huitième merveille du monde et qui attirait, en temps de paix, plusieurs dizaines de milliers de visiteurs par an.
Dans cette cité sainte de l’orthodoxie éthiopienne, « au moins 80 % de la population dépend de l’argent du tourisme »,
estime Tesfaye Getinet. Aujourd’hui, les habitants vivent sur la corde
raide. Le long de la petite rue pavée qui mène au Panoramic Hotel,
Adugnaye remet de l’ordre dans son magasin de souvenirs et balaie les
toiles d’araignées. « Vous avez de la chance, lance-t-elle, c’est la première fois que j’ouvre en deux ans ! »
« Environ un touriste étranger par jour »
A
côté de son échoppe, les portails des autres auberges sont tous fermés.
Non loin, la façade de l’hôtel de luxe Cliff Edge porte les stigmates
d’une frappe de drone larguée par l’armée éthiopienne qui visait des
officiers tigréens. Certains établissements ont aussi été saccagés par
les combattants du TPLF.
Les
deux cents guides que compte la ville avaient pour habitude de faire la
chasse aux touristes autour de la place pavée qui mène aux églises
rupestres. Ils ne sont aujourd’hui que deux sur le parvis, en train de
tuer le temps. « Il n’y a pas grand-chose à dire, c’est la déprime, soupire Josef Abate, un guide historique. Beaucoup
sont en dépression ici. On avait l’habitude de travailler quatre ou
cinq jours par semaine. En deux ans, je n’ai eu qu’un seul client. » Son manque d’activité l’a même mis en délicatesse auprès de ses parents qu’il ne peut plus aider financièrement, confie-t-il.
Assis à côté, le père Assefa, l’un des 1 200 prêtres de Lalibela, végète lui aussi, enroulé dans son gabi traditionnel.
Habituellement chargé de la vente des tickets pour visiter les églises,
Assefa estime à une centaine le nombre de touristes étrangers depuis le
début d’année : « Environ un par jour. »
Un
chiffre impossible à vérifier car les statistiques officielles des deux
dernières années n’existent plus. Les archives de la mairie ont été
détruites par les insurgés tigréens. En 2019 cependant, 75 053 visiteurs
s’étaient rendus sur ce site classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Des guides qui partent à Addis-Abeba
Autrefois
jalousés, les guides de Lalibela songent désormais à quitter la
profession. Certains partent vers la capitale Addis-Abeba pour tenter
leur chance, d’autres deviennent chauffeurs de tuk-tuk. Endeyena Ayelew
a, lui, jeté l’éponge en février. Il a ouvert un stand de rue et vend
des panneaux solaires portables fabriqués en Chine, censés permettre aux
habitants de pallier le manque d’électricité. Il n’y a plus de courant à
Lalibela depuis un an et les rares propriétaires de générateurs font
face à un défi majeur : l’essence achetée ici sur le marché noir coûte
trois fois le prix national en raison des pénuries et des difficultés
d’acheminement.
« Mais mon business ne marche pas, précise-t-il. Forcément, les gens n’ont pas d’argent, tout venait du tourisme, donc personne n’achète. » Endeyena
a lui aussi perdu ses économies du fait des conséquences du Covid-19
ainsi que du racket des soldats du TPLF, sans compter l’inflation qui
touche aujourd’hui l’Ethiopie de plein fouet. « Ça me laisse sans voix », murmure-t-il avant de retourner péniblement à ses affaires.
Pourtant,
l’horizon se dégage un peu. Quelques touristes locaux se sont déplacés à
Lalibela pour l’Epiphanie et la Pâques éthiopienne en janvier puis en
avril. Dans sa carte de conseils aux voyageurs, le ministère français
des affaires étrangères a récemment retiré la ville de la zone rouge
fortement déconseillée. La France a même repris en avril son projet
Sustainable Lalibela de restauration et de préservation des églises.
Une « trêve humanitaire »
« Notre avenir est entre les mains des leaders politiques, assure Tesfaye Getinet. S’ils signent un accord de paix, alors les touristes auront de nouveau confiance. »
Depuis la terrasse de son hôtel, on aperçoit les montagnes du nord du
pays. Le TPLF se trouve à une cinquantaine de kilomètres de la cité.
Actuellement, il n’y a ni guerre ouverte ni paix en Ethiopie. Le premier ministre Abiy Ahmed et le TPLF ont adhéré à une « trêve humanitaire »
au mois de mars par communiqués interposés. Mais les deux camps ne
semblent pas prêts à déposer les armes. Le 29 avril, le porte-parole du
ministère des affaires étrangères accusait une nouvelle fois les
rebelles tigréens de fomenter un énième assaut.
Si
Lalibela espère un retour au calme, les autorités se préparent
néanmoins à toutes les éventualités. Près de mille jeunes de la ville
viennent d’achever un entraînement militaire prodigué pendant trois mois
par les milices nationalistes amhara Fano et se sont vus distribuer des
armes, dans l’hypothèse où les insurgés investiraient à nouveau la
ville sainte.
Détachement
de Marine S.S.A secouru en 145 migrants 18 femmes et 9 enfants de
nationalités différentes.tous transféré à la DCIM ALL-MAYA Libye Actualité abonne toi