samedi 7 mai 2022

 

La Corée du Nord a tiré un missile mer-sol balistique

Le missile a été tiré, samedi, quelques heures après la mise en garde des Etats-Unis sur la possibilité d’une reprise des essais nucléaires par Pyongyang.

Le Monde avec AFP

Publié aujourd’hui à 09h15, mis à jour à 12h00

Temps de Lecture 3 min.

Le régime du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, avait cessé, depuis 2017, les tirs de missiles balistiques intercontinentaux et les essais nucléaires.

La Corée du Nord a tiré, samedi 7 mai, un missile mer-sol balistique stratégique (MSBS), a annoncé l’état-major de l’armée sud-coréenne, quelques heures après la mise en garde des Etats-Unis sur la possibilité d’une reprise des essais nucléaires par Pyongyang.

« Nos militaires ont détecté vers 14 h 07 [7 h 07, heure de Paris] qu’un missile balistique de courte portée présumé être un MSBS a été tiré au large de [la ville portuaire de] Sinpo », à l’est de la Corée du Nord, a déclaré l’état-major de l’armée sud-coréenne dans un communiqué.

Le missile a parcouru une distance de 600 kilomètres à une altitude de 60 kilomètres, selon la même source, ce qui laisse à penser qu’il s’agissait d’un missile balistique à courte portée. Il a fini sa course en dehors de la zone économique exclusive du Japon, a annoncé le ministre de la défense japonais, Nobuo Kishi. Ce dernier a affirmé que la « fréquence extrêmement élevée » des tests cette année était « absolument inacceptable ».

Ce tir est la quinzième démonstration de force de Pyongyang depuis le début de l’année. Malgré les sévères sanctions internationales ayant trait à son programme d’armement, la Corée du Nord a fortement intensifié ses essais et a rejeté tout appel au dialogue des Etats-Unis. Il a notamment tiré, à la fin de mars, un missile intercontinental. Autant de « provocations » dénoncées par Washington. Depuis 2017, le régime de Kim Jong-un avait cessé les tirs de missiles balistiques intercontinentaux et les essais nucléaires.

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Initiative américaine restée lettre morte

Le « développement remarquable de la technologie nucléaire et de la technologie liée aux missiles » par Pyongyang constitue un risque pour la sécurité régionale et mondiale, a encore déclaré M. Kishi, ajoutant que son pays pense également que « la Corée du Nord sera prête à effectuer un essai nucléaire dès ce mois-ci ». La semaine dernière, à l’occasion d’un grand défilé militaire, le dirigeant nord-coréen s’est engagé à développer ses forces nucléaires « le plus rapidement possible » et a mis en garde contre d’éventuelles frappes « préventives », évoquées par le futur président sud-coréen, le conservateur Yoon Suk-yeol.

Les Etats-Unis estiment ainsi que la Corée du Nord pourrait mener « ce mois-ci » son premier essai nucléaire depuis 2017 (son septième au total), a déclaré le département d’Etat américain, vendredi. « Cette analyse est cohérente avec les déclarations publiques récentes faites par la Corée du Nord elle-même », a dit une porte-parole de la diplomatie américaine, Jalina Porter, assurant que le gouvernement américain l’avait partagée avec ses alliés et allait « poursuivre une étroite coordination avec eux ».

L’imagerie satellite a montré récemment des signes d’une nouvelle activité nucléaire dans un tunnel du site de Punggye-ri. Selon la Corée du Nord, ce site a été démoli en 2018 avant un sommet historique entre Kim Jong-un et le président américain de l’époque, Donald Trump, qui avait marqué le début d’une phase de dialogue qui, depuis, a fait long feu.

L’actuel président des Etats-Unis, Joe Biden, s’est dit prêt à renouer le dialogue pour discuter d’une dénucléarisation du pays reclus, mais cette initiative est restée lettre morte depuis son arrivée à la Maison Blanche, au début de 2021. Le président américain doit se rendre dans le courant du mois au Japon et en Corée du Sud, où les inquiétudes à propos de Pyongyang seront au menu des discussions.

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Ce nouveau tir intervient avant l’entrée en fonctions, mardi, du nouveau président sud-coréen, favorable au rapport de force avec le Nord. « Au lieu d’accepter les invitations au dialogue, le régime de Kim semble préparer l’essai d’une ogive nucléaire tactique », avance Leif-Eric Easley, professeur à l’université Ewha de Séoul.

Deuxième lancement en une semaine, selon Séoul

« Un septième essai nucléaire serait le premier depuis septembre 2017 et alimenterait les tensions dans la péninsule coréenne, ce qui accroîtrait les dangers d’erreur de calcul et de mauvaise communication entre le régime de Kim et la future administration Yoon », a ajouté M. Easley. La Corée du Sud possède une capacité d’armements conventionnels supérieure à celle de son voisin du Nord et M. Yoon a demandé le déploiement d’un plus grand nombre de moyens militaires américains.

En 2021, la Corée du Sud a testé son propre missile mer-sol balistique, devenant l’un des rares pays à maîtriser cette technologie. Elle a aussi dévoilé un missile de croisière supersonique, signe d’une course à l’armement dans la péninsule. Mercredi, Pyongyang a lancé ce que Séoul et Tokyo ont décrit comme un missile balistique, mais les médias d’Etat nord-coréens, qui rapportent d’ordinaire les essais d’armement, n’en ont pas parlé.

« Le lancement d’aujourd’hui [samedi] est similaire à celui du missile balistique de mercredi, a déclaré Hong Min, chercheur à l’Institut coréen pour l’unification nationale. Il semble que le Nord mène une série de tests pour atteindre ses objectifs stratégiques. »

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Les négociations visant à convaincre Kim Jong-un d’abandonner les armes nucléaires n’ont rien donné. Pendant cinq ans, le président sud-coréen Moon Jae-in a mené une politique de dialogue avec Pyongyang, mais, selon son successeur, cette approche « servile » a été un échec patent. Selon les analystes, le dirigeant nord-coréen pourrait vouloir montrer, par cette série de tests, qu’il n’est pas ouvert à un dialogue avec le nouveau gouvernement.

Le Monde avec AFP

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